Cette "boutique" française encore peu connue a levé 3,2 milliards d'euros en 2017…

Echanges avec Arnaud Sarfati, Président Directeur Général de La Française Global Investments. Il était précedemment responsable mondial de l’ingénierie financière, responsable mondial du département Cross Asset Solutions chez Société CIB et membre du Conseil de Surveillance de Lyxor Asset Management.

Arnaud Sarfati

H24 : Présentez-nous La Française Investment Solutions…

Arnaud Sarfati : La Française Investment Solutions (“LFIS”) est la Société de Gestion du pôle solutions qui compte près de 50 collaborateurs au sein du Groupe La Française. Après 5 ans d’existence, nous gérons près de 9 milliards € avec une collecte 2017 de 3,2 milliards dont plus de 800 millions sur notre solution "Premia". Notre expertise est reconnue à l’international et sur les 2,5 milliards gérés sur des stratégies de performance absolue, 60% des encours sont hors de France (Canada, Asie, reste de l’Europe…).

Notre ADN assez unique mixe un savoir-faire de banque d’investissement et de gestion quantitative. Nous avons vocation à créer les fonds les plus résilients possibles. Notre vision est que l’enjeu est la diversification et la gestion du risque plutôt que d’essayer d’anticiper les mouvements des marchés.

H24 : Auprès des conseillers, le groupe La Française est davantage connu sur sa gestion immobilière et obligataire/diversifiée…

Arnaud Sarfati : Oui, son expertise y est reconnue et on a compris que sur ce segment, il est compliqué d’être reconnu sur plusieurs expertises fortes au sein d’un même groupe. Bien que très identifiées auprès des institutionnels et des grandes sociétés de gestion, nos solutions LFIS sont encore assez peu connues auprès des CGP et des multi-gérants proches de ce marché en France mais on a davantage pêché par faire-savoir que par savoir-faire.

On a cependant un rôle important auprès des conseillers car l’on constate qu’en matière de gestion de portefeuille, seule la diversification amène de la performance à long-terme. Il est donc important aujourd’hui pour les conseillers financiers d’avoir des solutions réellement différentes et décorrélées. Or, la majorité des produits auxquels ils ont accès sont des briques pures actions ou obligations, ou bien un mix flexible des deux.

Notre méthode : s’ouvrir un accès à un univers d’investissement le plus large possible, que ce soit en termes de classes d’actifs, de marchés ou d’instruments financiers. Il faut ensuite mettre l’accent sur des stratégies market neutre (sans biais directionnel) et constituer un portefeuille avec celles-ci : c’est seulement ainsi que l’on va pouvoir évoluer différemment de ce que font les acteurs traditionnels.

H24 : Justement, en quoi vos stratégies sont différenciantes par rapport à ce que proposent ces acteurs ?

Arnaud Sarfati : Notre enjeu n’est pas la performance de chaque stratégie sous-jacente prise individuellement mais la capacité à construire un portefeuille de stratégies décorrélées les unes des autres et qui sera le plus robuste possible. C’est le nerf de la guerre et il faut y avoir une approche rigoureuse, presque scientifique.

Il ne faut pas se mentir à soi-même en considérant que l’on peut prévoir à moyen terme ce que fait le marché car l’on considère qu’il est impossible pour quiconque de prédire quand il va baisser ou monter. Ainsi, vous ne nous entendrez jamais nous prononcer sur l’avenir des marchés mais on va expliquer en quoi les solutions que l’on bâtit sont solides et adaptées aux différents scénarios. A long terme, ce qui créé la performance selon nous est le risk management et la décorrélation. Cette différence est sans doute due à notre approche « salle de marché ».

Pour parvenir à être aussi diversifié, il faut aussi pouvoir compiler énormément de données. En un sens, notre approche de la gestion est assez disruptive. Dans un marché de plus en plus complexe, on sait que l’être humain ne peut pas optimiser une décision sur 10 ou 15 critères. On a donc une démarche très quantitative. Nous ne sommes pas sur des paris tranchés mais sur une quantité de positions qu’en moyenne on estime payantes dans le temps. Sur un fonds comme Premia par exemple, on a 2000 positions longues et 2000 short sur l’ensemble des classes d’actifs.

H24 : Pourquoi proposer vos solutions aux conseillers en gestion de patrimoine ?

Arnaud Sarfati : On a eu énormément de succès auprès de nos clients institutionnels et beaucoup de sociétés de gestion ont basculé vers ces stratégies en choisissant nos fonds car cela créé des poches diversifiantes au sein de leurs mandats ou fonds de fonds. On est convaincu qu’il n’y a pas de raison que les CGP ne les intègrent pas également dans leurs allocations.

Par ailleurs, on est très attachés à la pédagogie que l’on fait sur le développement de l’approche quantitative en France car on pense que c’est une forme d’avenir de la gestion. Notre travail est de donner les clés aux CGP pour qu’ils parviennent eux-mêmes à expliquer à leurs clients pourquoi de telles solutions market neutre ont du sens. Quand on est CGP, on ne peut se couper d’une partie de la gestion telle que cette gestion alternative. Il nous faut accélérer la pédagogie sur le terrain afin de développer ce type de gestion à côté de la gestion traditionnelle. LFIS sera ainsi présent en roadshow toute l’année 2018 et nous convions tous les CGP curieux de solutions adaptées à ce nouveau contexte de marché.

H24 : Selon vous, quelle est actuellement la place des fonds de votre gamme « VISION by LFIS » dans un portefeuille ?

Arnaud Sarfati : Au sein de notre gamme Vision, nous avons deux stratégies particulièrement complémentaires.

Premia est une stratégie market neutral qui fait beaucoup de sens pour les investisseurs qui cherchent une alternative à l’obligataire, notamment lorsque les taux sont bas – mais pas seulement. C’est une solution tout-terrain très décorrélée et très robuste. Plus les volatilités de marché sont élevées, plus les écarts se créent et les opportunités apparaissent. Ainsi, les fonds de performance absolue de type Premia sont à même de tirer parti d’un marché plus volatil, même sans tendance. On préfère ainsi un environnement durablement plus volatil qu’il ne l’a été en 2017.

Equity Defender est une stratégie qui a un biais directionnel actions. Il s’adresse à l’investisseur qui veut avoir une brique exposée principalement au marché actions mais qui va intégrer des mécanismes de couverture permanente. L’exposition actions va ainsi monter ou baisser en fonction de ces couvertures. Ce fonds est par ailleurs éligible au PEA.

Avec cette gamme, on veut au maximum s’affranchir des situations où il faut prendre des décisions sur la directionnalité des marchés. Ces fonds résument bien notre approche sur la gestion des risques qui est très complémentaire de celle des gérants traditionnels. Ils n’ont cependant pas vocation à être utilisés de manière tactique mais devraient plutôt être une part structurelle des allocations.

Arthur David-Boyet (Relations Investisseurs & Product Specialist) : L’asset management en France dans la sphère CGPI peut être vu parfois comme le village gaulois où l’on est encore très attaché à la notion de « talent » du gérant et davantage réfractaire aux approches plus froides telles que celle que l'on propose.

Il ne faut également plus être persuadé que la bonne vieille recette actions + taux fonctionnera aussi bien qu’elle ne l’a fait ces 20 dernières années.

Cette prise de conscience reste encore un peu confidentielle même si de plus en plus de CGPI répondent à cette problématique en diversifiant leurs allocations avec des gestions telles que les nôtres ... 

Pour en savoir plus sur la gamme « VISION by LFIS », contactez Arthur David-Boyet en cliquant ici.