Comment aller plus loin sur l’ISR ?

La Financière de l’Echiquier et l’ISR, une longue histoire d’amour qui porte ses fruits. Entretien avec la gérante Sonia Fasolo à  propos du fonds Echiquier Positive Impact.

Sonia Fasolo, Gérante ISR à La Financière de l'Echiquier

H24 : La Financière de l’Echiquier est-elle engagée dans l’ISR depuis longtemps ?

Sonia Fasolo : Oui, nous avons fêté 10 ans d’ISR l’an dernier, c’est donc effectivement un engagement ancien. Nous avions été parmi les premiers de la Place de Paris à signer les PRI (NDLR : Principes pour l'Investissement Responsable lancés par les Nations Unies en 2006).

Mais l’importance accordée à la gouvernance des entreprises est encore antérieure : dès la création de La Financière de l’Echiquier en 1991, Didier Le Menestrel a mis l’accent sur la confiance placée dans les dirigeants des sociétés dans lesquelles nous investissons pour le compte de nos clients.

H24 : Parce que vous estimez que cela a des conséquences financières…

Sonia Fasolo : Oui absolument, il existe un lien très fort entre la qualité de la gouvernance et la performance des entreprises. En 25 ans d’expérience, nous l’avons constaté. La recherche s’est penchée sur le sujet. Une étude de l’université de Hambourg de 2015 démontre une forte corrélation entre les critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG) et la performance des entreprises. Et, sur les trois critères E, S et G, c’est le G de la gouvernance qui est le plus corrélé avec la performance.

H24 : Quels outils utilisez-vous pour les distinguer ?

Sonia Fasolo : En 2007, nous avons développé notre propre système d’analyse et de notation des entreprises sur des critères ESG. Cette méthodologie permet d’identifier les entreprises qui gèrent le mieux les risques extra-financiers ainsi que celles capables de faire du développement durable une opportunité à part entière.

H24 : Parmi vos fonds, vous avez Echiquier Positive Impact qui s’appelait Echiquier ISR. Pourquoi avoir changé de nom ?

Sonia Fasolo : Pour plusieurs raisons. Nous voulions un nom plus évocateur pour nos clients, notamment de la gestion privée. Et nous souhaitions surtout aller plus loin que l’analyse ESG classique. Nous avons donc adopté, pour Echiquier Positive Impact, FCP converti en SICAV, la grille de lecture des Objectifs de Développement Durable (ODD) de l’ONU.

Le choix délibéré de la SICAV n’est pas anodin : cette forme juridique permet d’avoir un conseil d’administration composé d’experts pour une meilleure gouvernance. Nous avons également mis en place un mécanisme de partage : un tiers des frais de gestion est reversé à la Fondation Financière de l’Echiquier qui œuvre notamment en faveur de l’éducation et de la lutte contre la grande exclusion, des objectifs de développement durable.

H24 : Quels sont les enjeux que vous soutenez le plus ?

Sonia Fasolo : Sur les 17 objectifs de développement durable de l’ONU, nous en avons identifié 9 qui ont une résonnance business forte et pour lesquels nous sommes en capacité de mesurer un chiffre d’affaires : « bonne santé et bien-être », « éducation de qualité », « eau propre et assainissement », « énergie propre et d’un coût abordable », « travail décent et croissance économique », « industrie, innovation et infrastructure », « villes et communautés durables », « consommation et production responsables » et « paix, justice et institutions efficaces ».

H24 : Parmi ces 9 secteurs, certains vous semblent-ils plus prometteurs ?

Sonia Fasolo : Nous avons une approche très bottom-up, nous ne réfléchissons pas en termes de secteurs. Nous ne nous disons pas non plus qu’il faut absolument des fabricants de panneaux solaires ou d’éoliennes en portefeuille. Nous sommes des gérants d’actifs dont l’objectif est de faire fructifier de l’épargne. Notre objectif numéro un est de délivrer de la performance à nos clients. De fait, nous analysons aussi, bien sûr, les valeurs en fonction des critères financiers.

Actuellement, le portefeuille est surpondéré en valeurs technologiques. Les entreprises de ce secteur sont souvent les premiers maillons de la chaîne, les facilitateurs de la RSE de leurs clients. Prenons l’exemple d’ASML : ce fabricant de machines de lithographie pour l'industrie des semi-conducteurs a développé une technologie qui permet d’améliorer les performances énergétiques de tous nos appareils électroniques.

H24 : Avez-vous des secteurs en liste noire dans votre Sicav ?

Sonia Fasolo : Oui, nous avons également adopté la grille de lecture de l’ONU pour définir nos critères d’exclusion. C’est le premier filtre ISR qui intervient dans le processus. Sont notamment exclus les secteurs du tabac, de l’alcool, des jeux d’argent, de la pornographie, mais aussi les énergies fossiles.

H24 : Même si certaines pétrolières font de gros efforts d’investissement dans les énergies renouvelables ?

Sonia Fasolo : Oui, certaines le font, mais je persiste à dire que cela peut représenter des risques. Avez-vous entendu parler des stranded asset, des actifs qui vont être « bloqués » ? Si les politiques durcissent le ton et qu’une règlementation se met en place, les entreprises qui ont des énergies fossiles dans leurs réserves sont en risque de voir leurs actifs se déprécier. Il est donc plus confortable de ne pas détenir ce type de valeurs en portefeuille.

H24 : Pour conclure, un mot sur la performance d’Echiquier Positive Impact ?

Sonia Fasolo : Le marché est toujours là pour nous apprendre l’humilité. Jusqu’ici, les performances sont au rendez-vous. À fin mars, Echiquier Positive Impact affichait une performance de 52,8% sur 5 ans contre un indice de référence à 42,2%, 16,8% sur 3 ans contre 0,9% et 9,7% sur 1 an contre 0,3%.

Nous sommes en mesure d’affirmer que nous sommes parvenus, sur ces dernières années, à conjuguer performance financière et performance extra-financière.

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