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« La reprise boursière pourrait être d’autant plus violente que la situation est inédite » anticipe...
Publié le mardi 17 mars 2020... François-Xavier Chauchat, économiste chez Dorval AM
Le krach boursier des derniers jours est avant tout lié à la panique entourant la gestion d’un problème sanitaire de grande ampleur mais, jusqu’à preuve du contraire, de nature temporaire. Malgré quelques hésitations de la Banque Centrale Européenne jeudi 12 mars (vite corrigées depuis), la réponse globale, monétaire et surtout budgétaire, est massive et en rapide évolution. Sur les bases des précédents chinois et coréen, nous devons penser que le pic épidémiologique des nouveaux cas de Coronavirus en Europe puis aux Etats-Unis se produira d’ici approximativement mi-avril. Nous pensons que le point bas des marchés des actions – s’il n’a pas déjà eu lieu jeudi 12 mars 2020 – devrait se situer avant ce pic épidémiologique, et donc plusieurs semaines avant le point maximal d’impact économique.
La liquidation très rapide des positions que nous avons connue ces deux dernières semaines a conduit les indicateurs de dynamique des marchés à Wall-Street sur des niveaux que nous n’avions observé que cinq fois lors des 25 dernières années (1998, 2008, 2011, 2015, 2018). Immanquablement, ces excès ont précédé des périodes d’opportunités majeures d’achat des actifs risqués. Les investisseurs ont certes raison d’anticiper un choc brutal pour l’économie mondiale à court terme. Mais ce choc sera temporaire, et il y a tout lieu de penser qu’il sera suivi d’une reprise économique progressive mais prolongée et puissante qui s’étendra loin dans l’année 2021 (courbe en « J »).
Pour que cette courbe en « J » se produise partout, il est bien évidemment nécessaire que les contre-feux monétaires et budgétaires soient suffisamment puissants, afin de maximiser la réversibilité du choc. C’est bien ce que nous observons. Les banques centrales baissent les taux, relancent leur programme d’achat d’actifs et offrent des conditions ultra-incitatives aux banques pour maintenir et même accroître le niveau de leurs engagements auprès des entreprises (y compris des PME) et des ménages. Elles renforceront encore leurs actions si nécessaire. Les gouvernements, quant à eux, annoncent les uns après les autres des mesures très fortes pour limiter au maximum les faillites et la hausse du chômage, et pour lutter contre la tendance des agents économiques à surréagir. Nous estimons que ces mesures pourraient atteindre plusieurs points de PIB en Europe (soit plusieurs centaines de milliards d’euro). Les Etats-Unis sont quant à eux sur le point de suivre, après la Chine, la Corée, l’Angleterre, l’Australie, le Japon, etc.
Le contre choc pétrolier contribuera aussi à la stabilisation de la demande, même s’il s’accompagne d’un effet négatif sur les régions productrices. La baisse du prix du baril de 65$ à 33$ depuis le début de l’année agit comme une baisse des impôts de près de mille milliards d’euros au niveau mondial. Enfin, si comme on peut s’y attendre la vie économique continue de se reprendre en Chine puis en Corée, les agents économiques auront la capacité de se projeter dans un monde où le virus est maîtrisé et l’activité économique progressivement normalisée. De plus, la réouverture des usines chinoises de grands groupes (Apple/Foxconn, Renault, Peugeot, etc.), qui devrait être achevée à la fin du mois de mars, va permettre d’alléger les problèmes de chaîne de production.
Jusqu’à nouvel ordre, le scénario que nous retenons est donc le suivant : un pic épidémiologique de nouveaux cas dans les semaines qui viennent, un pic d’angoisse qui se situe avant, et une courbe en « J » pour l’économie mondiale, avec un point bas de sévérité inédite au deuxième trimestre. Quant aux marchés des actions, nous pensons plutôt à un profil de reprise en « V », au moins dans un premier temps, au vu des excès enregistrés ces derniers jours. La reprise boursière pourrait être d’autant plus violente que la situation est inédite. La prime de risque des actions est en effet non seulement très élevée par rapports aux obligations, mais aussi par rapport aux autres actifs moins liquides, comme l’immobilier et le non coté.
Pour toutes ces raisons, nous avons commencé à renforcer notre exposition aux actions dans nos portefeuilles.
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