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« Plus dure sera la chute » préviennent ces deux sociétés de gestion
Publié le mardi 21 février 2017Fidelity et Natixis AM ont publié lundi deux analyses au ton particulièrement méfiant sur l’orientation à venir des marchés américains, très influents pour les autres places mondiales. Les discours des économistes et gérants commencent à changer après l’enthousiasme de début d’année.
À en croire l’évolution des marchés américains, tout va bien aux Etats-Unis sur le plan économique.
Le Dow Jones a enchaîné sept séances de hausses consécutives depuis le 9 février, enregistrant jour après jour de nouveaux records.
Même chose pour le Nasdaq qui, après avoir plutôt boudé « l’effet Trump » fin 2016, s’affiche déjà en hausse de 8% depuis le début de l’année et enregistre lui aussi jour après jour de nouveaux records. L’indice des valeurs technologiques de la bourse de New York s’est totalement affranchi de son niveau de l’année 2000, resté indépassable pendant quinze ans.
Actions : « Les attentes paraissent un tantinet exagérées » (Fidelity)
Néanmoins, cet état de grâce commence à sérieusement inquiéter les professionnels des marchés, qui remarquent que la hausse devient clairement déconnectée des fondamentaux économiques.
« Plus dure sera la chute » affirme sans détour David Ganozzi, gérant du fonds Fidelity Patrimoine, dans le dernier « Hebdo des marchés » publié lundi 20 février par Fidelity.
« Après une phase de circonspection en janvier, les investisseurs ont repris leur marche en avant initiée début novembre. Rassurés sur l’intention de Donald Trump de tenir ses promesses de campagne, ils valorisent de plus belle les retombées de son programme économique ».
« Reste que depuis son entrée en fonction, le maître de la Maison Blanche a certes avancé sur tous les fronts, mais pas sur celui qui alimente l’improbable hausse des marchés. Les réductions d’impôts et la relance budgétaire promises par le candidat Républicain devront faire un passage obligé par la case "Capitole". Or, rien n’indique que [la majorité Républicaine] donnera son feu vert. Dès lors, les attentes des investisseurs paraissent un tantinet exagérées et le risque de déception d’autant plus grand ».
Taux : des risques mal pris en compte (Natixis AM)
Du côté des obligations, Natixis AM se concentre dans sa lettre de stratégie obligataire du lundi 20 février sur l’existence de certains risques mal pris en compte par les investisseurs.
« Les marchés de taux continuent d’ignorer les publications économiques » affirme ainsi la société de gestion, qui note une « dégradation de la qualité de crédit ».
Aux Etats-Unis, « L’économie est en croissance depuis juillet 2009 [mais] l’assouplissement monétaire s’est prolongé, recréant les déséquilibres financiers susceptibles d’engendrer une crise ». Les taux très faibles de la Fed au cours des dernières années ont engendré « un excès de mauvaises dettes » explique la société de gestion.
Celle-ci s’inquiète notamment du fait que « Les taux de défaut remontent alors que l’économie croit au-dessus de son potentiel et que le chômage est revenu à son niveau incompressible ».
Plus en détails, « Les défauts sur prêts autos atteignent 3,75% de l’encours de 1150 milliards de dollars. La situation des prêts étudiants est catastrophique (11% de défaut). Le taux de défaut du high yield est de 8%. Or les spreads dans le secteur de l’énergie ne reflètent absolument pas le risque, élevé, d’une rechute de l’or noir. Les défauts sont stables à 7% environ sur les cartes de crédit mais le resserrement des conditions de crédit est palpable. Le flux de crédit ralentit nettement ».
Pour les stratégistes de Natixis AM, « La situation financière est préoccupante, à l’opposé de l’optimisme béat des marchés ».
Jusqu’ici tout va bien
Toute la question est de savoir à quel moment les investisseurs pourraient prendre conscience de ces risques. A l’heure actuelle, les discours « bearish » restent minoritaires à Wall Street et les investisseurs préfèrent se raccrocher aux bonnes publications économiques.
En effet, « Les enquêtes préfigurent une poursuite de l’embellie cyclique » reconnaît Natixis AM malgré ses multiples alertes. « Les nouvelles commandes sont encourageantes. Les ventes au détail sont en hausse de 0,4% en janvier [par rapport à décembre] après un solide +1% en décembre [par rapport à novembre]. La croissance du quatrième trimestre 2016 sera sans doute révisée à la hausse. Les mises en chantier montrent des signes d’amélioration ».
Mais comme on le sait, il en faut souvent peu pour que ces enquêtes conjoncturelles passent du vert au rouge.
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