Il ne gère plus mais il reste totalement amoureux…

A 76 ans, Edouard Carmignac montre toujours autant de passion lorsqu'il s'agit de partager son regard sur les grands sujets du moment.

Pourquoi tout ce chamboulement à la gestion de Carmignac Patrimoine ? 🆕

Edouard Carmignac évoque un fonds dont la gestion est complexe. Il en rappelle le double objectif de performance relative mais également absolue. « Vos clients ne doivent pas perdre d'argent en cas de retournement de marché ! » insiste-t-il.

Une mission devenue compliquée, illustée par des performances qui ont déçu ces dernières années (-11,29% en 2018 ; -9,38% en 2022...). Aujourd'hui, 5 gérants co-pilotent le navire amiral de 6,8 milliards € (cliquez ici). Une équipe talentueuse, mais surtout complémentaire. « C'est très difficile de trouver les meilleurs mais également de faire en sorte qu'ils travaillent bien ensemble. Il nous a fallu du temps mais nous y sommes arrivés », se félicite Edouard Carmignac, soulignant entre autres l'arrivée de Jacques Hirsch qui fut à la tête de Ruffer Total Return International,  « le meilleur fonds diversifié depuis 5 ans ».

Est-ce que ça vaut vraiment la peine de miser sur la gestion très active prônée par Carmignac ? 🪙

Dans un contexte où l'absence de risque est désormais rémunérée, Edouard Carmignac liste deux atouts en faveur d'une gestion active. D'une part, la capacité à arbitrer rapidement en cas d'évolution de l'environnement de marché. D'autre part, le potentiel d'obtenir un rendement réel positif. « Si on m'offre du 4% sur des bons du trésor mais que l'inflation est à peu près équivalente, et qu'en plus de cela je suis imposé, j'ai pas besoin de vous faire un dessin... l'équation est forcément négative ! Ces remèdes à l'incertitude ne sont pas forcément les bons », affirme-t-il.

Ses solutions pour faire face à l'incertitude ? Le crédit, les valeurs à bonne visibilité sur la durée - malgré une certaine volatilité, ou encore les obligations indéxées à l'inflation.

Justement, n'est-ce pas trop tard pour investir sur les obligations indexées à l'inflation ? ⌚

La question se pose de savoir si nous sommes proches d'un pic d'inflation aujourd'hui. A partir du moment où l'inflation va baisser, est-ce que les taux réels ne vont pas se tendre ? « Je suis convaincu que les gouvernements ne peuvent pas faire face à des factures de taux d'intérêt réels trop élevés. On a atteint des niveaux d'endettement considérables, surtout après le covid. Pour que les gouvernements ne tombent pas en faillite, il va falloir soit que l'inflation baisse beaucoup et que la croissance reparte (ce qui n'est pas vraiment le scénario idéal), soit que les taux réels baissent. On peut très bien envisager que l'inflation baisse mais les banques centrales veilleront à ce que les taux accompagnent cette baisse », analyse Edouard Carmignac.

Ce qui est important pour les équipes taux de Carmignac Gestion est de ne pas être trop vulnérables à un soubresaut de l'inflation.

Amour, Gloire et ChatGPT 🤖

Edouard Carmignac a également partagé son avis sur l'explosion de l'intelligence artificielle. Mais pour d'abord forger ses convictions, il croit beaucoup en l'expérience utilisateur. « Quand j'ai fait mes classes d'investisseur, certains d''entre vous s'en souviennent, j'ai beaucoup travaillé avec Peter Lynch, le gérant vedette de Fidelity. Il aimait bien pendant ses week-end aller dans les supermarchés. Et il regardait quels étaient les produits en tête de gondole, quels étaient les produits dont les prix baissaient etc...» raconte-t-il.

Un modèle qu'il applique également pour appréhender cette thématique en vogue. « Nombre d'entre vous j'imagine ont utilisé ChatGPT [Ndlr : Edouard Carmignac le prononce "Chat bi-ti-pi"], poursuit-il. En lui donnant quelques éléments, elle [Ndlr H24 : Chez H24, on aime aussi l'idée que ChatGPT soit incarnée par une femme 😉] va vous faire une lettre d'amour épatante que vous pouvez envoyer à votre projet de conquête. Ça marche ! » A-t-il essayé par lui-même ? « J'ai testé. Toujours l'expérience utilisateur ! », confirme l'intéressé. Et on n'en doute pas !

Sa conclusion ? L'IA devient incontournable. La difficulté étant de trouver les bons véhicules. « On va assister à une concentration des bénéficiaires de cette vague », estime Edouard Carmignac.

La Chine est-elle encore investissable à long terme ? 🐲

L'empire du Milieu déçoit avec une reprise qui s'est très vite essouflée. Compte-tenu des sujets sur la croissance chinoise mais également sur sa gourvernance, les investisseurs peuvent se poser cette légitime question. « Y aura-t-il un revirement politique qui permettrait à la Chine de devenir la puissance mondiale à laquelle elle aspire mais qui suppose une libéralisation de l'économie ? Ce choix politique n'est pas évident. On ne voit pas les dirigeants actuels le faire », juge Edouard Carmignac.

Un plan de relance étant néanmoins inéluctable, il suggère de le jouer "par l'extérieur" plutôt qu'avec les moteurs de croissance domestiques.

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