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"L'enquête" d'un CGP sur "la mascarade marketing" de l’investissement ESG...
Publié le vendredi 9 avril 2021Investissement ESG, ISR : Impact positif pour l'environnement ?
L'analyse sur l'ESG de Stéphane Perrin, gérant fondateur de SP Consulting
Vous n’avez surement pas pu échapper à la mode de l’investissement ESG (basé sur des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance) ou ISR (investissement socialement responsable).
Derrière ces acronymes se cache la promesse d’un investissement plus durable et meilleur pour la planète.
L’est-il vraiment ? Encore un concept marketing de plus ?
L’idée de cet édito m’est venue à la fin de l’année dernière lorsque le fils d’un client, jeune ingénieur urbain que l’on appellera Thomas m’appelle pour me demander comment faire fructifier l’épargne accumulée pendant cette année de confinement.
Comme beaucoup de jeunes de sa génération, Thomas est sensible au thème de l’écologie, il souhaite donner du sens à son investissement et a entendu parler des investissements labélisés ESG. Pour lui, investir dans l’ESG, c’est avant tout avoir un impact positif sur l’environnement. Comme il a peu d’épargne, il souhaitait connaitre mon avis sur deux ETFs (Les Exchange Traded Funds (ETF), qui offrent un moyen simple d’investir. Les ETF sont des fonds de placement dont l’objectif est de répliquer les performances d’un indice donné) qui en plus d’être ESG ont « cartonnés » en 2020 dixit Thomas. Ces ETF sont deux des plus gros ETF ESG au monde commercialisés par le leader mondial des ETF : ISHARES (filiale du géant Black Rock) et par LYXOR (filiale de la SG). [Ndlr H24 : Pour le moment 😉]
N’aimant guère les effets de mode d’un monde de la finance toujours aussi moutonnier et voulant apporter l’avis le plus pertinent à Thomas, j’ai mené ma petite enquête et je vous partage aujourd’hui mes conclusions, dans un édito au format XXL mais qui je pense mérite votre attention.
Les ETFs en question sont le MSCI USA Select ESG, exposé aux valeurs américaines et le LYXOR S&P500 Paris-Aligne Climate (conforme aux accords de Paris sur le climat), belles promesses. Magnifique pour Thomas on coche tous les critères.
Curieux, j’examine la composition du premier le MSCI USA Select ESG, je découvre alors que les principales lignes sont APPLE, ALPHABET (Google), HOME DEPOT, FACEBOOK et TESLA. Pour le second, APPLE, AMAZON, FACEBOOK, ALPHABET et NIVIDIA. Je me dis, c’est quand même surprenant de se retrouver avec ces valeurs quand nous connaissons les politiques d’obsolescence programmée des uns, de la violation de données personnelles des autres sans parler des abus de positions dominantes pour les derniers. Thomas pourrait investir directement sur un ETF Nasdaq (valeurs Tech US) il aurait le même portefeuille mais sans son label ESG et la bonne conscience qui va avec. Manifestement, la Tech a l’air de faire bon ménage avec l’ESG. De là à expliquer la surperformance de l’ESG en 2020… Mais chut, c’est un secret.
Maintenant que nous avons soulevé le capot de ces ETF ESG, vérifions si l’investissement de Thomas a un impact positif sur l’environnement comme le marketing le sous-entend. (L’aspect social et la gouvernance étant pour moi une obligation de base pour tout investissement de nos jours, je ne traite ici que de la promesse environnementale de l’investissement ESG).
Aussi, je vais essayer de mesurer l’impact environnemental valeur par valeur. Pour ce faire, je m’inspire largement du livre de Guillaume PITRON, « La Guerre des Métaux Rares », que je vous invite à lire absolument.
Les sociétés de gestion dans leur analyse des critères ESG (qui permettent d’inclure ou exclure telle ou telle valeur) se fondent sur l’histoire, un narratif souvent bien huilé, que leur racontent les sociétés analysées sans se préoccuper de ce qui se passe en amont chez leurs fournisseurs ou en aval après la vie du produit. Elles ignorent ainsi le parcours complet qui va de la production au recyclage, de l’extraction des matières premières aux décharges à ciel ouvert ; c’est comme si vous calculiez l’impact environnemental de vos vacances sans prendre en compte l’aller et retour de celles-ci ! N’est-ce pas là une première « escroquerie intellectuelle » ?
Ainsi, ces acteurs de la finance sont d’accord d’exclure sur le critère environnemental, (les fameux fonds à facteurs d’exclusion) les producteurs de matières premières (carbonés ou pas) avec comme argument leur impact sur la biodiversité et sur les populations. C’est tout à fait louable et entendable même si sans matières premières, nos économies n’iront pas très loin.
Mais n’est-ce pas choquant que ces mêmes fonds, ETF..., adoubent des entreprises comme celles présentes dans les ETF analysés ?
En effet, aucune des sociétés précitées a un impact positif pour la planète dès lors que l’on démonte la chaine de valeur de leurs produits. Que ce soient les biens technologiques, des IPhones d’APPLE au Cloud de Microsoft ou Amazon (la majorité des profits d’AMAZON venant de sa filiale cloud AWS) aux véhicules électriques et leurs batteries (TESLA), aux puces des producteurs de semi-conducteurs (ASML...) en passant par les énergies renouvelables (VESTAS, ORSTED...) (qui n’ont de renouvelable que les sources dont nous pouvons disposer à l’infini tels les rayons solaires ou la force du vent ou des marées), tous proviennent de l’exploitation de matières premières non renouvelables, qui ont un impact sur notre planète ; au final, peut-être bien plus impactant que l’extraction d’énergie fossile et l’exploitation nucléaire mais encore là chut ….
« Avant même leur mise en service, un panneau solaire, une éolienne, une voiture électrique ou une lampe basse consommation portent le péché originel de leur déplorable bilan énergétique et environnemental. C’est bien le coût écologique de l’ensemble du cycle de la vie des Greens Tech qu’il faut mesurer » et cesser de fantasmer un miracle vert.
(...) Si nous voulons une finance plus responsable et répondre à l’attente de Thomas, il est urgent de renforcer les critères d’éligibilités des sociétés en prenant en compte l’intégralité du cycle de vie des produits, cela risque de réduire drastiquement la liste des valeurs éligibles.
Arrêtons cette mascarade marketing qu’est l’ESG, n’y a-t-il pas une ironie tragique à ce que la pollution qui n’est plus émise dans nos centre-ville grâce aux voitures électriques, soit déplacée dans les zones minières où l’on extrait les terres rares.
La solution n’est pas tranchée mais plutôt dans la nuance et actuellement la pensée unique du moment (et pas seulement dans ce domaine !) en manque cruellement.
N’oublions pas que nous vivons sur la même planète et que la pollution n’a pas de frontière.
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